Papa mosala songisongi :Lorsqu'Androa Mindre parle du corps comme récepteur et émetteur, il faut avoir vu ses performances pour percevoir au delà de la «banalité» des mots, leur justesse. La gestuelle, la posture, la maîtrise avec laquelle il règle la distance ou la proximité qu'il établit avec le spectateur, tout cela lui confère une sorte d'«aura», de puissance charismatique assez incroyable ou l'on voit à quel point Androa vit corporellement sa sensibilité au monde et nous en renvoie une image bouleversante. Pendant plusieurs années Mindre s'est trouvé confronté à ce discours mythique qui désigne l'Europe et la France en particulier comme un eldorado dont on ne peut revenir que comme un héros que la Fortune a touché de sa grâce. Cela a toujours été au coeur de son travail. Quand dans le projet songi-songi, Androa veut aborder à travers l'invention du langage si caractéristique de la vie de la jeunesse kinoise, les questions de «rumeurs», c'est à un devoir de vérité qu'il veut se confronter, et il me semble qu'il faut l'y encourager, au sens premier du mot, car l'entreprise est courageuse parce que pleines de risques. C'est, me semble-t-il une véritable démystification qu' Androa Mindre veut entreprendre en imaginant un dispositif poético-sonore dans lequel je l'imagine sans problème se débattre tout en maîtrisant aussi bien la technologie des réseaux téléphoniques ou informatiques que celle du «bouche à oreille» comme il le dit lui-même.
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