ALLO SONGI

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TÉLÉPHONE ARABE, ligne 10 sans fil vitesse et détournement du message, vitesse sur sa mobilité, l'émetteur peaufine et diffuse , le récepteur reçoit et interprète, le corps prends la place de la parole: COMMUNICATION INTERLOCUTEUR...Paris antenne Kinshasa bascule...

jeudi 23 octobre 2014

Filip de Boeck, une citation

Antenne Dakar...
«Tout-puissants et implacables, les commérages et les rumeurs courent sans relâche à travers la ville. Impudiquement, sans aucune censure, cela s’étend comme un feu de brousse dans tous les milieux. L’espace urbain kinois est fortement structuré par le poids de la rumeur; c’est donc une ville où la parole fluide semble toujours l’emporter sur la matière construite. Cette parole, souvent la seule arme des faibles, sort des marges pour entrer en scène et s’emparer de toute la surface, transfusant les mots comme du sang dans les veines et les artères de ce corps urbain géant. Le moteur de la vie publique, de la ville en tant que «corps politique», son énergie capillaire, c’est ce qu’on appelle Radio-Trottoir, qui ponctue le battement de coeur urbain et se transforme en son oeil public. Unissant et divisant grâce à la force des mots, Radio-Trottoir forge la mythologie de la capitale, l’esthétique de son humour, ses répertoires culturels et son imaginaire collectif. Elle créé ses propres héros et salit la réputation des citoyens les plus puissants et les plus en vue. La rumeur s’amplifie encore dans les colonnes des nombreux journaux qui se sont mis à proliférer depuis la fin du système du parti unique mobutiste. Ceux-ci sont lus et commentés collectivement en divers endroits de la vie par les «politiciens» de la rue, les «parlementaires debout». Et la rumeur se solidifie aussi dans les peintures des artistes kinois. Elle se traduit dans les sketches de théâtre populaire, de chansons des auteurs compositeurs kinois et des télévisions locales. Elle trouve écho dans les chansons des troubadours urbains. (…) Cela constitue un moyen de contourner et de recentrer les représentations et les interprétations imposées de l’extérieur.» 

in "KINSHASA récits de la ville invisible" FILIP DE BOEK & MARIE-FRANCOISE PLISSART.